Carl Blechen (1798-1840), Route de campagne en hiver au clair de lune, après 1829.

Posté dans : Peinture, Romantisme 1

Voici une méthode pour apprendre à regarder et analyser une oeuvre visuelle. Suivez les différentes étapes.

OBSERVATION

L’œuvre (Titre – Auteur – Année -Type – genre)

Carl Blechen (1798-1840), Route de campagne en hiver au clair de lune, après 1829. Huile sur panneau – 39 x 53 cm, Lübeck, Museum Behnhaus Drägerhaus

Ce que je vois (la COMPOSITION)

Organisation d’ensemble

Sujet :

Un paysage d’hiver (comme l’indique le titre) : arbres dénudés, neige sur les bas côtés et dans les champs derrière les arbres. Le soleil, assez haut dans le ciel, transparaît à travers le brouillard : une petite boule bien ronde dégageant un halo qui éclaire un ciel bleu. Le ciel bleu, dans sa partie moins éclairée et nimbée de brouillard, est teinté de gris. Un chemin de terre semble mener le spectateur de la droite du tableau vers le fond à gauche. Il est irrégulier, plein d’ornières, parsemé de pierres. Des touffes d’herbe jaune, sans doute récemment encore recouvertes de neige, apparaissent de-ci de-là. Il n’y a aucune vie animale ni humaine dans ce tableau

Structure :

Les plans. Au tout premier plan le spectateur voit les détails du chemin, que le peintre a appelé « une route de campagne ». En particulier on aperçoit une ornière plus profonde, ou l’amorce d’un fossé. L’effet de profondeur est signifié par le noir, qui suggère l’ombre. Le soleil n’éclaire pas ce recoin. Peut-être le fossé est-il rempli d’eau car un petit aplat de gris au milieu rappelle le ciel. Le second plan est formé du chemin et du  champ recouvert de neige. Elle semble légère : en effet, la ligne d’horizon qu’elle délimite avec le ciel est floue. Peut-être aussi est-ce l’effet du brouillard qui tombe sur le paysage. Le fond du tableau est constitué par le ciel brumeux.

Les lignes de force, le point de fuite. Les arbres dénudés qui se dressent verticalement se détachent nettement du ciel. Ils ne sont pas pris par le brouillard, parce qu’ils sont proches de nous, mais aussi parce que la brume ne pénètre pas de la même façon dans les endroits boisés. Les lignes à peu près verticales que forment les troncs sont accompagnées d’autres plus fines, parfois même subtiles, formées par les branches et les branchages attenant aux troncs.  Quelques arbres sont légèrement penchés, la plupart  vers le chemin. Le quatrième arbre en partant de la droite a une forme irrégulière, tourmentée en son début. La ligne d’horizon dont nous avons déjà parlé forme un fort contraste avec la verticalité des arbres. C’est la seule ligne horizontale. Le chemin, qui occupe tout le premier plan, file vers la gauche en diagonale. Il va se rétrécissant, ce qui donne un effet de perspective. Notre regard suit ce chemin et part vers le fond du tableau. D’autres lignes perpendiculaires, plus fines, regroupées, sont constituées par l’ombre des arbres  et des branches que le soleil éclaire par derrière. Elles viennent légèrement entraver le chemin, perpendiculairement à lui.

Les couleurs  et les contrastes :

La gamme des couleurs est restreinte : du bleu, mélangé à du blanc ou a du gris en densité plus forte à mesure qu’on s’éloigne de la lumière astrale forment le ciel. Le blanc de la neige est subtilement mêlé de bleu par endroits, pour suggérer la réverbération du ciel sur la neige. Le chemin, parsemé de blanc qui figure des restes de neige est peint dans les tons ocres, des touches de noir plus ou moins intenses figurent les ombres et les irrégularités du sol terreux. Trois pierres se détachent devant à droite, de même couleur que le chemin, des pierres de meulière peut-être. Leur contour est souligné par le noir. Les branchages fins sont peints de la couleur du chemin avec, semble-t-il, un mélange de blanc. Leur couleur suggère la transparence. Ils semblent renvoyer la pâle lumière dus soleil, comme si les branches étaient finement imprégnées de gouttes de brouillard ou de givre.

INTERPRÉTATION

Quelle est la fonction de l’œuvre ?

Quelles sont les intentions, quelle est la thèse de l’auteur ?

Si nous restons dans l’esprit romantique, puisque Carl Blechen naît et crée en pleine période romantique, la route, irrégulière, symbolise peut-être notre chemin de vie, qui nous mène vers un au-delà (symbolisé par la ligne d’horizon trouble et le ciel brumeux) dont nous ne savons rien et sur lequel nous nous interrogeons. Les arbres, morts en cette saison d’hiver (ils renaîtront au printemps) comportent des ramifications : de même, la vie des hommes est faite de rencontres et d’histoires qui parfois se prolongent et amènent à d’autres rencontres et d’autres histoires.

Ainsi, ce tableau, a priori, respire une certaine douceur. Le paysage froid (couleurs, lumière et symptômes de l’hiver) mais emprunt de douceur (neige duveteuse, ciel cotonneux, lumière tamisée) invite à la méditation. Il semble nous inviter à prendre le chemin, car même s’il est irrégulier, il n’a rien d’effrayant.

  1. Bonjour, ceci est un commentaire.
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