voir le sujet et la proposition d’étude du sujet

Rédaction d’une introduction et de la 1ère partie

Les étapes de l’introduction sont notées entre crochets. Les sous-parties dans le développement sont matérialisées par un retour à la ligne.

[situer] Entre le XVIIe et le XIXe siècle, de nombreux artistes européens sont partis se former ou parfaire leur formation en Italie. Ils s’appropriaient et interprétaient ensuite à leur manière l’art de l’Antiquité et de la Renaissance. [Citer] Parmi les œuvres produites dans ce contexte, on trouve notamment des peintures à l’huile, comme le Capriccio, vue de Rome avec le martyr de Saint Laurent, du hollandais Cornelis van Poelenburgh réalisé en 1622-25, une huile sur bois de petit format, et Le Serment des Horaces de J.-L. David peint en 1784-1785 ou encore une Vue imaginaire de la grande galerie du Louvre en ruines, d’Hubert Robert datée de 1796, toutes deux des huiles sur toile de grand format. De retour d’Italie, l’architecte anglais Inigo Jones a construit entre 1616 et 1635 à Greenwich la Queen’s House. Enfin, au XIXe siècle, J.-B. Carpeaux a sculpté en marbre Ugolin entouré de ses quatre enfants (1865-1867). [Annoncer] Nous nous appuierons entre autres sur ces œuvres pour nous demander comment le voyage des artistes européens entre le XVIIe et le XIXe siècles permet une interprétation de l’Antiquité et de la Renaissance. Nous verrons ainsi que cette interprétation passe par le sujet, mais aussi par la mise en scène, et également à la fois par le réalisme et l’idéalisation.

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D’abord, le voyage permet aux artistes européens une interprétation de l’Antiquité et de la Renaissance par le sujet.

DAVID, Jacques-Louis (1748-1825), Le Serment des Horaces, 1784-1785, 330 × 425 cm, Musée du Louvre, Paris
J.-L. David, Le Serment des Horaces, 1784-85

Ainsi,  les artistes peuvent s’emparer de l’histoire légendaire de la fondation de Rome. Le peuple de combattants qu’étaient les Romains s’est construit sur cette histoire qui exaltait  les héros. C’étaient des exemples –exempla– à suivre pour les jeunes Romains. Dans le tableau de  J.-L. David Le Serment des Horaces, les trois frères Horaces prêtent le serment de combattre pour la victoire de Rome contre les Curiaces. Cet épisode aurait eu lieu au VIIe siècle avant notre ère quand Rome a annexé la ville mère, Albe-la-Longue. Rémus et Romulus étaient partis d’Albe un siècle auparavant pour fonder une nouvelle colonie. Au XVIIIe siècle, J-L David, peintre néo-classique, s’empare de ce sujet. De nombreux autres épisodes de fondation ont inspiré les artistes de tous les pays, par exemple l’enlèvement des Sabines, dont on trouve des interprétations par exemple chez N. Poussin, P.-P. Rubens, ou J.-L. David lui-même.

POELENBURGH, Cornelis van (1594-1667), Capriccio, vue de Rome avec le martyr de Saint Laurent, 1622-25, huile sur bois, 36 x 58 cm, collection privée
POELENBURGH, Cornelis van
Capriccio, vue de Rome avec le martyr de Saint Laurent,
1622-25, huile sur bois, 36 x 58 cm, collection privée

Mais l’Italie, siège de la chrétienté depuis la fin des croisades, est également riche en histoire religieuse. En particulier de nombreux martyrs chrétiens ont eu lieu à Rome entre le début de l’ère chrétienne et le IIIème siècle. Un terme y est mis au IVème siècle, quand l’empereur Constantin adopte la religion chrétienne. En 1625, Cornelis Van Poelenburg dans son Capriccio, vue de Rome avec le martyr de Saint Laurent, replace le martyr de Saint Laurent condamné à être passé sur le grill dans une Rome qui prend l’apparence de ce qu’il voit sur place :il représente des hommes en vêtements à l’antique dans la scène centrale, sur les murailles en haut à droite, et au premier plan à droite (l’homme en toge rouge). Cependant les bâtiments que ces Anciens Romains côtoyaient en leur temps,  comme le Colisée, commandé par Vespasien et édifié entre 72 et 80 de notre ère, sont maintenant en ruine.  Et on reconnait aussi des éléments d’architecture ajoutés à la Renaissance : par exemple les sculptures des Dioscures et de leurs chevaux en haut de la cordonata imaginée par Michel-Ange pour qu’on puisse accéder à cheval à la place du Capitole, ou encore le dôme d’une église, à gauche au second plan. C. van Poelenburgh compose donc un « capriccio » qui mêle Histoire antique et aspect contemporain.

CARPEAUX, Jean-Baptiste (1827-1875), Ugolin entouré de ses quatre enfants, 1865–67, Marbre de Saint-Béat,  197.5 × 149.9 × 110.5 cm, 2247.6 kg, piedestal 1705.1 kg. Metropolitan Museum of Art, New-Yok, Etats-Unis
Carpeaux J.-B., Ugolin et ses quatre enfants, 1865–67,

Dans un autre registre, Ugolin et ses enfants de J.-B. Carpeaux évoque le groupe du Laocoon, une sculpture antique datée du Ier siècle avant notre ère redécouverte au début du XVIe siècle. En 1506, un paysan qui labourait son champ l’exhume et crée l’événement. Le groupe du Laocoon fait allusion à un épisode de L’Iliade :  le prêtre d’Apollon Laocoon, qui voulait convaincre les Troyens de refuser le cheval que leur offraient les Grecs, est condamné à mourir avec sa progéniture par Athéna et Poséidon qui étaient favorables aux Grecs.  De même on voit dans la sculpture de J.-B. Carpeaux un père entouré de ses enfants, et ils semblent également condamnés. Le sujet d’Ugolin est néanmoins extrait d’une œuvre médiévale florentine, de Dante, la Divine Comédie.

ROBERT Hubert (1733-1808), Vue imaginaire de la grande galerie du Louvre en ruines, 1796, Huile sur Toile, 114,5 x 146 cm, musée du Louvre, Paris
Robert H., Vue imaginaire de la grande galerie du Louvre en ruines, 1796

D’autres références sculpturales sont visibles dans la peinture d’Hubert Robert,Vue imaginaire de la grande galerie du Louvre en ruines. Il représente le bâtiment en ruines, mais abritant encore certaines œuvres d’art, par exemple un Apollon du Belvédère, en bronze. L’artiste avait pu en admirer un exemplaire dans la cour du palais du Vatican, ou encore au Château de Versailles. En revanche le figurer en bronze rappelle sans doute que ces Apollons du Belvédère qui nous restent ne sont que des copies en marbre d’une œuvre bien plus ancienne en métal, fondue ou perdue. H. Robert la représente encore debout et majestueuse. Il représente aussi un morceau d’un des Esclaves de Michel-Ange, L’Esclave mourant, offert à la France au XVIe s. et qui faisait partie des collections du Louvre déjà du temps du peintre.

JONES, Inigo (1573-1652), Queen's House, 1616 – 1635, Greenwich, Grande-Bretagne
JONES, Inigo (1573-1652), Queen’s House, 1616 – 1635

Enfin on voit dans ces œuvres de nombreuses allusions à l’architecture antique ou renaissante. Ainsi la Queen’s house d’Inigo Jones reprend dans ses caractéristiques architecturales des éléments antiques remis en valeur à la Renaissance, notamment par l’architecte Andrea Palladio : sont inspirées de l’architecture antique les colonnes aux chapiteaux ioniques pour la loggia, et doriques pour le portique, l’élévation en trois parties (qui évoque l’architecture du temple), du rez-de-chaussée aux balustrades en passant par l’étage noble. Le portique lui-même évoque les philosophies antiques comme le stoïcisme, dont le nom (Portique, en grec, se dit STOA) est directement hérité de cet élément architectural.

Le thème de La grande galerie du Louvre en ruine quant à lui peut avoir été inspiré à Hubert Robert de son long séjour à Rome. Il est introduit à l’Académie de France en 1754, grâce à son père devenu ambassadeur à Rome, et quitte l’Italie en 1765. Au XVIIIe siècle, encore, les Romains vivent avec leurs ruines : le forum romain et la basilique de Maxence -dont les voûtes en cul de four se dressent vers le ciel, le reste du toit s’étant effondré depuis longtemps, la maison de l’Empereur sur le Palatin … Les plus pauvres les occupent. Ceci explique peut-être qu’il ait introduit dans ses ruines de la Grande Galerie du Louvre une paysanne devant un chaudron fumant à gauche, des pilleurs d’antiques au premier plan à gauche, un groupe d’enfants à droite.

Nous avons vu dans cette première partie comment les artistes ont choisi leur sujet dans l’histoire romaine, mais aussi dans ce qu’ils ont pu observer en Italie : des architectures, des ruines antiques, et la vie au milieu de ces ruines. Nous allons voir maintenant comment ils s’approprient ces éléments dans la mise en scène qu’ils ont imaginée, (Ce dernier paragraphe conclut la première partie et opère la transition avec la seconde partie).