spectacle, 14 décembre 2019

Billet d’humeur, Manon, 1ère – 2019-2020

Le spectacle FLI a été réalisé par le chorégraphe Mehdi Ouachek, représenté de nombreuses fois avec sa compagnie de danse : « Art Move Concept ». Cette compagnie a été fondée en 2013 par Mehdi et Soria Rem, la femme de ce dernier. Premièrement, le spectacle FLI est composé de sept danseurs, trois hommes et quatre femmes : Mehdi, Orlov, Jackson, Manon, lnès, Auriane et Soria.

Medhi Ouachek et Soria Rem,
http://artmove-concept.com/biographie/
Medhi Ouachek et Soria Rem,
http://artmove-concept.com/biographie/

Mehdi connait Soria depuis vingt ans, et pendant trois ans ils ne s’adressaient pas la parole, puis ils se sont mis ensemble pendant sept ans. Après sept ans de vie commune, ils ont enfin commencé à travailler par paire mais cela était plus compliqué que ce qu’ils imaginaient. Ils devaient réussir à différencier le travail et la vie de couple, ce qui n’a pas toujours été simple. Désormais, ils ont trouvé leur chemin commun.


Mehdi a rencontré Orlov il y a huit ans, Jackson un an après et ils sont devenus ses bras droits. De plus, il a sélectionné deux danseuses à un casting l’an dernier, Auriane et Manon. Son fils a neuf ans et fait de la scène depuis toujours. Un jour, son père lui a demandé s’il voulait être sur scène avec lui et il a simplement dit « oui ». Depuis, il prend un grand plaisir à faire des spectacles avec ses parents et les autres danseurs.

Cette compagnie de danseurs est d’une efficacité remarquable pour l’apprentissage des chorégraphies.

Dans « l’interview » que nous avons eue avec Mehdi, il a accepté de répondre à nos questions et de nous donner plus de détails…

Mehdi travaille en amont sur ses spectacles, il commence par les réfléchir pendant très longtemps, il rumine et se représente en boucle des images qu’il répète sur des musiques qui n’ont pas de lien avec le spectacle final. Quand il se trouve dans différents transports, il écoute sa musique et se ressasse divers tableaux de ses futurs spectacles. Néanmoins, les images qui lui apparaissent dans sa tête sont « floues ». Il imagine des ambiances, des rêves et il essaye ensuite de les matérialiser avec ses danseurs. La création d’un seul spectacle « dans sa tête » dure parfois plus d’un an. Mais par la suite, il explique ses idées à la compagnie et la durée de travail pour finaliser un spectacle  est seulement de trente-deux jours! Cette durée de travail étonnamment rapide est un mélange des directions du chorégraphe et des idées des talentueux danseurs.

Parfois, il crée la chorégraphie en fonction de la musique et d’autres fois c’est l’inverse : il conçoit des chorégraphies, les filme puis ajoute de la musique.

Derrière tout cela, il y a un réel travail de logistique qui englobe diverses difficultés telles que les résidences (là où la compagnie s’entraine et où ils ont la possibilité de produire leurs spectacles). Tout cela demande beaucoup  d’organisation, de préparation et de temps. Les artistes de cette compagnie sont en ce moment en résidence aux Gémeaux.

Dans les questions que nous avons posées à Mehdi, une petite fille a demandé s’il avait peur à chaque fois qu’il montait sur scène et il a répondu que oui, mais que cette peur n’est pas négative. C’est un stress positif, qui fait vibrer les artistes et qui les motive à se surpasser. Son fils nous a confié qu’il ressentait la même peur que son père avant de monter sur scène.

Selon Mehdi, dans le monde du spectacle il n’y a pas de « manière de faire », et c’est même excitant quand il y a du hasard.

Mehdi a créé le spectacle FLI pour une raison particulière. Quand il était petit, il habitait dans un quartier où de nombreuses personnes n’étaient pas très riches ; certains étaient même pris pour des fous. Un de ces « fous d’esprit » était un ami de Mehdi. Ce dernier passait toutes ses journées à se persuader du fait qu’il pouvait voler. Etant petits, ses copains, et Mehdi avec eux, n’étaient  pas vraiment gentils avec lui et se moquaient de lui. Ils passaient des journées entières avec ce garçon sans se rendre compte que, dans sa simplicité à lui, il était en train de les faire rêver. Ce rêveur donnait donc du rêve aux autres sans même le vouloir.

La totalité du spectacle a été écrite par rapport à cette histoire. Dans le spectacle, Mehdi Ouachek incarne un personnage qui rêve de voler et tous les autres danseurs représentent ce qu’il se passe dans la tête de ce personnage : ses peurs, ses faiblesses, ses rêves, ses sentiments… Il matérialise donc ce qu’il ressent par des mouvements de danse.

Mehdi nous a cité quelques figures connues qui ont été pour lui des modèles tels que Charlie Chaplin, Buster Keaton, Tim Burton, Brad Pitt, de nombreux clowns et plein d’autres artistes qu’il chérit autant les uns que les autres.

Avant cela, Mehdi était footballeur et ne prévoyait en aucun cas de devenir danseur. Mais un jour, il a eu une blessure aux genoux qui lui a provoqué une maladie : la maladie « Osgood Schlatter ». Cette dernière provoque des douleurs au niveau de l’insertion basse du tendon rotulien et empêche de nombreuses personnes de pratiquer certains sports.

Don à dix-sept ans, Mehdi ne savait pas quoi faire, il était un très bon élève à l’école mais se persuadait que sa vocation était ailleurs.

Il a un jour vu un danseur dans un film, a énormément apprécié ce qu’il faisait et a donc essayé de reproduire divers mouvements corporels comme ce danseur.  Autour de lui parmi ses amis et sa famille, personne ne dansait, il se retrouvait donc dans un domaine qui lui plaisait et sur lequel personne n’avait d’emprise. Il se sentait ainsi libre et ce n’était plus que  «lui et la danse». Plus la difficulté augmentait, plus il s’accrochait à son rêve de danser. Puis, par hasard, un jour où il voulait seulement acheter une paire de basket, quelqu’un lui a dit qu’il y avait une audition de danse. Il s’y est présenté et il a été pris.

La compagnie « Art Move Concept » a joué sur des scènes prestigieuses partout dans le monde comme à New-York, Tokyo… Mais malgré tout, ils n’ont jamais oublié d’où ils venaient et où ils ont débuté.

Durant l’échange que nous avons eu, Mehdi a dit plusieurs choses que j’ai énormément aimées comme cela par exemple : « Des fois c’est bien d’avoir plusieurs interprétations d’une seule et même chose : il y a des gens qui vont voir une rose et qui vont dire qu’elle est plus orange que rose, alors que d’autres vont dire qu’elle est plus rose qu’orange et un autre va arriver et va dire « non moi je la vois bleue ». Mais au final, ce qui est beau c’est de voir la fleur, et que ça te procure du plaisir. Et moi quand je fais des spectacles, je vois les choses exactement de la même manière : je donne des clefs, tu ouvres les portes que tu veux et tu rêves de la manière que tu veux. »

A la fin du spectacle, j’ai été éperdument surprise car le temps m’a semblé passer à toute allure. J’aurais apprécié que cela dure plus longtemps.

Ensuite, nous avons rencontré Mehdi, le chorégraphe du spectacle. Nous avons discuté une demi-heure avec lui et ses propos n’ont pas cessé de me faire sourire. J’ai été happée par chacune de ses paroles remplies de rêves et de motivation. Son histoire est très touchante et j’ai su m’identifier à ses différents propos.

Exit, chorégraphie pour 3 danseurs, 2017
http://artmove-concept.com/exit/

De mon côté, j’ai fait diverses recherches personnelles sur les artistes de cette compagnie. J’ai découvert que Mehdi et sa femme Soria ont participé à « Arabs Got Talent » en 2013. Tout cela montre qu’il faut réaliser ses rêves pour après réussir à faire rêver les autres.

Enfin, la compagnie de danseurs a produit d’autres spectacles tels qu’EXIT, NIBIRU, SOWE et DUO.

J’ai énormément aimé cette sortie, j’avais les yeux qui brillaient et la tête remplie de rêves. Merci à la compagnie de danseurs de faire ce genre de spectacles qui font sourire des centaines de gens et qui rendent heureux.