Visite du jeudi 15 septembre 2022
Billet d’humeur
La première chose que j’ai ressentie, c’est un saisissement à la vue de ce géant de ferraille. C’est une structure très impressionnante qui semble surgir d’entre les arbres. Je voulais me laisser la surprise et n’avais donc pas regardé de photos de l’architecture- Je ne m’attendais donc pas du tout à voir une sculpture aussi grande et imposante. En me trouvant face à cette œuvre colossale, j’ai eu l’impression d’être dans une parenthèse, dans un autre monde.
J’ai été marquée par le contraste qu’offre Le Cyclop. La face aux miroirs m’évoque un monde féérique. C’est la face Ia plus brillante, la plus lumineuse avec tous ces miroirs qui reflètent tantôt les arbres, tantôt la lumière du soleil. Je perçois également cette face comme le masque du Cyclop, un visage extérieur qui cache en réalité quelque chose de plus désordonné, de plus grossier, mais qui surtout cache un trésor bien plus grand que ce bel aspect extérieur. Ainsi, Le Cyclop est d’un côté magnifié, et de l’autre à l’état brut, sans artifice, débarrassé de toutes ses couches brillantes. La sculpture semble alors prête à s’écrouler, tout va dans tous les sens, et pourtant l’œuvre présente une certaine harmonie. La lumière ne touche que la face miroir, la ferraille ne la reflète pas. Les rayons traversent la structure, se faufilant entre les barres de métal.
L’eau qui coule par la bouche du Cyclop offre un sentiment d’apaisement au visiteur, mais le charme est rapidement rompu lorsque Ia machine se met en marche, que Le Cyclop se réveille. Alors, ce n’est plus le discret écoulement de l’eau que l’on entend, mais un véritable cataclysme, les morceaux de ferraille qui s’entrechoquent, le grincement des mécanismes qui se remettent en marche…
C’est à la fois l’engrenage d’une immense horloge qui, à intervalles réguliers, se ranime, et un véritable circuit de billes, qui semblent faire le lien entre ces deux mondes, le féérique, et le réaliste. Lors de la visite, la guide nous a indiqué que les billes représentaient les émotions qui traversent la tête du Cyclop, et j’aime beaucoup cette idée. Les émotions sont une part importante de l’être humain, et les voir tout à coup envahir l’esprit du Cyclop, et être acheminées à travers tout son corps, offre une vision assez réaliste de ce que l’on peut ressentir dans des moments où l’émotion nous submerge. Lorsque les billes métalliques circulent le long de la structure, les bruits deviennent assourdissants, et Le Cyclop semble se réveiller, reprendre vie sous nos yeux. Mais progressivement les machines cessent de fonctionner, et le bruit s’estompe, laissant le calme s’installer de nouveau et les sons de la forêt reprendre leurs droits. La forêt n’est alors plus troublée que par le bruissement du vent dans les feuilles, le pépiement des oiseaux, l’eau qui coule le long de la structure et, parfois, un gland, qui tombe et s’abat sur le sol.